
Photos :
Philippe Rouyer
Corrections-relecture :
Suzanne Bissardon
Traduction anglais :
Karine Bel Davids
DÉMARCHE ARTISTIQUE ET PSYCHANALYSE
Comment avec une activité d’arts plastiques je suis allée donner corps à mes rêves
Chers amis, famille, spectateurs et lecteurs, chers autres,
Je viens vous rencontrer de là où je me trouve.
Je vous demande le respect de mon chemin. Chacun le sien. Je vous livre ma démarche en toute sincérité. Je souhaite échanger avec vous au sujet de l’ensemble des composantes de cette démarche, dans la mesure où cet échange est constructif pour vous et pour moi et ouvre de nouvelles compréhensions, de nouvelles perspectives. Je viens partager avec vous une expérience parce qu’il est cher à mon équilibre et à mon cœur de sentir, de penser, d’exprimer aussi bien dans le moment de l’introspection que dans celui de l’altérité.
Les multiples facettes de nos émotions, représentations, visions, rêves viennent éclairer les épreuves de la vie. Si l’on veut bien les rendre visibles, les différents modes artistiques sont d’excellents vecteurs.
Je suis depuis le plus loin que je me souvienne une personne qui m’exprime en créant, comme si la création, quelle que soit sa forme, me maintenait en vie. Je ne suis pas une technicienne, je ne l’ai été dans aucun domaine artistique que je suis allée visiter. Ce n’est pas ce qui m’intéresse dans l’art. Je n’aime pas le beau pour le beau, la technique pour la technique. Je m’ennuie quand l’art est très intellectuel ou parfait. Il me faut une part d’émotion qui vienne me frapper, me faire vibrer pour que je puisse rentrer dans un univers artistique. Je vibre très fort, sachez-le, je suis très sensible et cette capacité est une affliction mais aussi ma force. Je vis les couleurs, je vis les formes, comme je vis le son, dans mon corps. Un paysage d’automne peut me faire fondre en larmes. Avoir des possibilités d’exprimer ces sensations et ces émotions par un médium est une planche de salut. Ainsi je peux vivre dans le monde, qui sans cette béquille me serait insupportable. L'art est un tiers, il me permet d’avoir une contenance, un dedans et un dehors. Il n’est pas juste une distraction, un passe-temps. Il a toujours été présent et me donne autant que je lui donne. L’art est mon pilier, qui soutient ma vie intérieure. L’enjeu est vital et non accessoire.
Il était une fois, en 2020, dans des temps à fois récents et qui me paraissent antédiluviens, puisque nous sommes à l'heure où j’écris ces lignes en 2024, une rencontre : ma thérapeute. Elle utilise le rêve éveillé en séance de psychanalyse. Je suis allongée sur le divan, je rêve et je mets mon rêve en mots, puis nous l’analysons. Dans les consignes données, il faut que j’écrive mon rêve après la séance. Or, il s’est passé quelque-chose de curieux au fur et à mesure du temps. J’ai eu besoin de peindre mes rêves. Ensuite, je revenais sur le divan et je décrivais mes peintures. Et en peignant, il m’est arrivé quelque-chose de curieux, le rêve se prolongeait jusque dans la peinture, mettant à jour des aspects auxquels je n’aurais pas pu penser, qui m’étaient inconnus, qui dès lors qu’ils apparaissaient me permettaient de poser des mots. C’est ce double mouvement que je vous propose d’explorer avec moi dans ce travail de présentation. Le langage passe par le mouvement et le mouvement a besoin du langage.